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  • La confession de CHAUPRADE

    Marine Le Pen et Aymeric Chauprade le 21 janvier 2014 à Paris.© Bertrand Guay Marine Le Pen et Aymeric Chauprade le 21 janvier 2014 à Paris.

     

    Brouillé avec son ancien parti, l'eurodéputé accuse Marine Le Pen d'avoir directement mis en place un système d'emplois fictifs au Parlement européen.

     

    Le témoin est d’autant plus gênant qu’il parle d’expérience, et à visage découvert. Ex-figure du Front national, désormais retourné contre Marine Le Pen, l’eurodéputé Aymeric Chauprade a décidé de témoigner contre son ancien mouvement. Malversations financières, prise en main du parti par un petit «clan» d’entrepreneurs, antisémitisme persistant : c’est un véritable réquisitoire que livre le géopolitologue face à plusieurs journalistes – dans l’ouvrage Marine est au courant de tout de Marine Turchi et Mathias Destal (éditions Flammarion), devant les caméras d’Envoyé Spécial,auprès de Mediapart ou encore de l’Express.

    Celui qui siège désormais parmi les non-inscrits au Parlement européen accuse ainsi Marine Le Pen d’avoir directement contribué à un système d’emplois fictifs. Connu sous le nom d'«affaire des assistants», le dossier fait l'objet d’une information judiciaire ouverte en janvier. Plusieurs assistants des eurodéputés frontistes sont accusés d’avoir été rémunérés sur fonds européens, tout en se consacrant à des fonctions internes au Front national. Selon Chauprade, c’est Marine Le Pen qui aurait posé les bases de ce système lors d’une réunion des eurodéputés FN en juin 2014. La présidente du parti aurait demandé à ses élus une délégation lui permettant d’embaucher à leur place des assistants qui «serviront directement au parti». Pour Aymeric Chauprade, qui dit avoir refusé le marché, «tout le monde comprend, quand on a un minimum de culture générale, que l’on est dans une logique d’emplois fictifs […]. Certains ont grincé des dents, mais il y a une discipline quasi-stalinienne dans ce parti».

    Sous la menace d’une mise en examen dans ce dossier, Marine Le Pen a toujours dénoncé une cabale montée par ses adversaires politiques et visant à parasiter sa campagne présidentielle. Le parti a promis de réagir en signalant à la justice des cas similaires visant les eurodéputés d’autres partis politiques.

    Ce n’est pas tout : Chauprade souligne également l’emprise sur le parti du petit réseau d’entrepreneur concentré autour de Frédéric Chatillon, ami de Marine Le Pen et l’un des principaux prestataires du FN : «L’économie du FN, c’est ce groupe, une petite galaxie de société […] qui fait 100% de son chiffre d’affaires avec le FN et avec la manne française et européenne, assure-t-il. On ne pouvait pas faire sans ces gens-là. Et si comme moi on s’y opposait ou on rechignait, on recevait un coup de fil de la présidente [Marine Le Pen]. L’économie du FN est intégralement concentrée entre les mains de ce clan.» Un clan qu’Aymeric Chauprade accuse d’être imprégné d’antisémitisme, et toujours lié au polémiste «antisioniste» Alain Soral. «Au nom de la dédiabolisation Marine Le Pen sacrifie son père, conclut l’eurodéputé. Mais elle ne touche pas à ces gens qui sont bien plus radicaux que son père, elle les couvre quoiqu’il arrive. D’un point de vue rationnel, il n’y a pas d’explication.»

    Sur Twitter, Frédéric Chatillon a balayé les accusations d’Aymeric Chauprade, «qui a quitté le FN juste avant d’être viré suite à son implication dans l’évasion des pilotes d’Air Cocaïne», une rocambolesque affaire qui avait embarrassé le parti et précédé de peu le départ de Chauprade. Mis en cause pour les mêmes faits dans le documentaire d’Envoyé Spécial, le conseiller régional FN Axel Loustau a de son côté promis de répondre «point par point à ce tissu de mensonges, d’amalgames et de diffamations».

     

    Source : Envoyé spécial A2 + Post ORANGE du 17/03/2017