Dominique Slabolepszy dit avoir verrouillé un maximum. Ce n’est pas à un vieux singe, habitué depuis des décennies aux joutes municipales, qu’on apprendrait la musique. L’ancien secrétaire départemental du Front, en rupture avec Marine Le Pen pour être resté fidèle à son ami Carl Lang (Parti de la France) a donc été le premier, non pas à présenter sa liste publiquement, mais à la déposer en préfecture de Lille, pour dûment la faire estampiller.

Sans surprise, on y trouve en troisième position Frédéric Delplace, qui à l’automne encore avait été pressenti comme devant être la tête de liste... du Front sur Valenciennes. De quoi accréditer l’idée que D.Slabolepszy a bel et bien siphonné le camp de son ancien parti. Un terme, cela dit, que Frédéric Delplace récuse. C’est bien par proximité et communauté de vues avec « Slabo » qu’il a décidé de changer de bord. Il n’est pas le seul dans le cas. Selon le FN, 5 ou 6 candidats frontistes seraient passés d’un camp à l’autre. D. Slabolepszy lui parle carrément d’une vingtaine. Et assume. « On peut être adhérent au Front et candidat sur une autre liste municipale...»

Pas sûr que le Front National, qui dit de son côté boucler sa nouvelle liste, soit de cet avis. Dès hier, au lendemain donc du dépôt, et par la voix de son nouveau chef de file Jean-Luc François Laurent, le FN laissait entendre qu’il envisageait un référé contre Dominique Slabolepszy. La décision formelle du recours n’est pas encore prise, M. Laurent voulant d’abord faire un point sur l’affaire avec l’avocat du Front. Objet de l’éventuelle contestation ? L’inscription en huitième position sur la liste Slabolepszy d’Emilie Bailleux. Hier, le FN produisait un courrier semble-t-il signé par cette personne, dans lequel celle-ci explique avoir rempli le document administratif de déclaration de candidature au profit exclusif du Front national. En clair, le FN suspecte D. Slabolepszy d’avoir détourné cette déclaration à son profit.

Appellation.... brevetée !

Une interprétation que l’ancien patron du FN récuse formellement. Qu’il balaie même. Il explique disposer d’une lettre manuscrite de Mme Baillieux, dans laquelle elle s’engage formellement à ses côtés. De plus, il explique que cette personne avait déjà été candidate avec lui en 2008, alors même qu’à l’époque, il avait déjà quitté le Front pour le Parti pour le France.

Au delà de cette contestation précise, et d’un contentieux historique lourd, c’est sans doute l’intitulé même de la liste choisie par D. Slabolepszy qui risque de donner des boutons au Front National. L’intitulé en question ? Tout simplement le « Front municipal ». Dominique Slabolepszy estime en avoir parfaitement le droit. « Le terme de « front » n’appartient à personne ». Deux précautions valant mieux qu’une, la tête de liste a quand même pris la précaution de faire... breveter cette appellation, en la déposant auprès de l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle). Coût de l’opération : un petit 240 € quand même. T.T.