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LANG ou PHILIPPOT ? J'ai choisi, c'est Carl.

Carl Lang versus Florian Philippot

 

Rédigé le Mardi 27 Février 2018 à 16:30 | 0 commentaire(s)

 

Article de minute de cette semaine. L’un passe tout le temps à la télé, l’autre quasiment jamais. L’un adore distiller les infos qui déstabilisent, l’autre y répugne. L’un a toujours été de gauche, l’autre est resté de droite. Carl Lang, ancien numéro deux du Front national et président du Parti de la France, raconte dans un livre son long « chemin de résistance » au côté, puis à côté, de Jean-Marie Le Pen.


Il est des gifles que l’on préfère taire. Celle reçue par Florian Philippot fin janvier dans le Val-d’Oise est de celles-là. Au premier tour de la législative partielle, la candidate de ses Patriotes, Denise Cornet, n’a recueilli que 192 voix soit 1,2 % des suffrages exprimés. Ce n’est pas le pire. Parmi tous les candidats qui l’ont devancée – et ils ont été nombreux – figurait Huguette François, qui, avec 429 voix, a obtenu 2,6 % des voix. Plus du double des suffrages, donc, pour une obscure candidate dont nul n’avait parlé et qui était présentée par le presque aussi obscur Parti de la France (PDF) présidé par Carl Lang ! La candidate de l’ancien bras droit de Marine Le Pen humiliée par la candidate de l’ancien bras droit... de Jean-Marie Le Pen !
Il est des offenses qu’on ne pardonne pas et, deux semaines plus tard, Philippot s’est vengé. Alors que Carl Lang était invité sur le plateau de « Ça vous regarde », une émission de La Chaîne parlementaire, et que Florian Philippot l’était aussi, ce dernier, se comportant avec la morgue dont il est coutumier, a mis son veto à la venue du patron du PDF ! Exit donc Carl Lang, prié de rester chez lui. « L’enfant chéri des médias ferait il des caprices de star ou craint-il un débat de fond avec un représentant de la vraie droite nationale ? », s’est interrogé Carl Lang, sans exclure que les deux hypothèses se soient cumulées.

Quarante ans sans dévier de ligne

Florian Philippot, qui avait reconnu tout ignorer de l’histoire du Front national et aurait pourtant gagné à se pencher sur le destin de ses numéros deux « avant qu’il ne soit trop tard », peut se rattraper avec l’ouvrage que vient de publier Carl Lang, Un chemin de résistance, et qui est celui d’un homme qui n’a pas attendu la soi-disant « fibre sociale » d’un chevènementiste pour sa- voir qu’il n’est de bonne droite que « nationale, sociale et populaire ». En trente ans de militantisme au Front national qui ont été autant d’années de responsabilités jusqu’à en être durant deux fois sept ans le secrétaire général, à siéger à son bureau exécutif ou à en être vice-président, Carl Lang n’a jamais dévié de son cap, et le Parti de la France qu’il a fondé en 2009 n’est que la continuité de son engagement.

A l’image de Florian Philippot, en somme, qui est resté ce qu’il a toujours été du Front national aux Patriotes – un homme de gauche –, Carl Lang est toujours resté ce qu’il a toujours été : un homme de droite. Et s’il avait rejoint le Front national en 1978, « c’est vraiment Le Pen, avec sa force de conviction et son aura, qui a motivé mon choix d’adhésion ». D’autant plus rude sera la chute quand, en 2009, le même Le Pen le mettra dehors sans aucun égard, ni pour lui, ni pour les statuts du parti... Il faut dire que Carl Lang avait eu le tort de s’opposer à ce que Marine Le Pen, qui avait obtenu son premier mandat sur la liste qu’il conduisait aux régionales de 1998 dans le Nord-Pas-de-Calais et qui en était partie pour l’Ile-de-France, y revienne pour l’évincer, à son profit, de la tête de liste pour les élections européennes de 2009.
Carl Lang raconte tout cela sans acrimonie, hormis à l’égard de Marine Le Pen, à l’égard de laquelle les mots sont très durs, tant sur le plan personnel que politique (« Le Front de Marine Le Pen n’a plus rien à voir avec les valeurs traditionnelles de la droite nationale française ») et avec fort peu d’anecdotes qui ne soient déjà connues. Pour les journalistes, l’homme au prénom et au profil nordiques n’a jamais été « un bon client ». Le garçon est réputé discret et il n’y faillit pas.

« La France n’est pas terre d’islam »
 
Un chemin de résistance est un livre d’entretiens politiques qui surprendra ceux qui s’attendent à un manifeste d’« extrême droite ». Carl Lang ne s’exprime pas de là où il se trouve arbitrairement classé, mais de là où il se trouve, et, dans le contexte actuel qui tend à l’hystérisation du débat public, il passerait presque pour un modéré. Jamais un mot plus haut que l’autre, pas d’invectives, pas d’indignations sur-jouées. Pas même de formules à l’emporte-pièce, de ces « punchlines » dont sont friands les réseaux sociaux et les médias qui se calent sur leur rythme, et qui lui permettraient de franchir, au moins l’espace d’un instant, la barrière médiatique.
La conviction profonde de Carl Lang est que « tant qu’il n’y aura pas de renaissance de la conscience nationale, il n’y aura pas de politique de redressement national possible ». Qu’il faut « défendre exclusivement les intérêts de la France en politique étrangère et la préférence nationale et l’unité française en politique intérieure ». Que « c’est en nous appuyant sur nos traditions et notre mémoire nationale que nous pourrons échapper aux tsunamis ravageurs du mondialisme et de l’islamisme ». Ou que « les valeurs de l’islam sont celles d’une autre civilisation et d’un autre modèle social qui ne sont pas compatibles avec notre propre héritage de civilisation. La France n’est pas terre d’islam. »
« Pas sexy », dirait-on de nos jours. Mais la situation dans laquelle se trouve la France justifie-t-elle que le débat politique soit réduit à l’arbitrage du Kamasutra médiatique ?

L. H.

Carl Lang, Un chemin de résistance, entretien avec Jean-François Touzé,
éd. Synthèse nationale, coll. Les Bouquins de Synthèse, 190 p., cahier photos,
20 euros.
article de Minute

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