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Silence ! on tue !

 

Attention! le "devoir de réserve" atteint ses limites, dans la Police comme dans l'Armée. "Quand ils cesseront d'estimer, ils cesseront d'obéir" (Antoine de Rivarol). Comme nous tous ! Faites suivre.

 

LA MORT D'UN POLICIER AUX OUBLIETTES...
IL N'A FAIT QUE SON DEVOIR...

 

à diffuser le plus largement possible, merci pour nous.

 

Patrice Point est mort le 30 décembre 2009 des suites de blessures provoquées par un véhicule qui l’a volontairement écrasé contre un mur. Le véhicule était volé et conduit par des délinquants surpris en flagrant délit de cambriolage.
Patrice était un fonctionnaire de police compétent, loyal et intègre.
Et je ne dis pas ça parce qu’il est mort, mais parce que c’est vrai.
Il était à quelques mois d’une retraite bien méritée.
Les risques du métier, me direz-vous. C’est exact. Et vous aurez raison de le penser puisque tous les jours, nous y pensons aussi.
On prend notre service, on va à l’appel, et on ne peut jamais jurer que quelques heures plus tard, aucun nom ne manquera. C’est ainsi et on le sait.
Mais notre problème n’est pas vraiment celui-ci, voyez-vous.

Notre problème est que tout le monde s’en fout.
La mort d’un flic semble inutile, insignifiante, tant l’écho qui y est fait est inexistant.

Tant ça semble faire partie d’un jeu de société. Ou de rôles.
C’est consternant, absurde, mais l’unité de mesure de la valeur des vies humaines, l’ordre de priorité des faits quotidiens supposés intéresser, l’importance donnée à l’un de ces faits, eh bien c’est la presse qui la définit.

Et la presse, elle ressemble à l’opinion publique.

Elle est là pour la satisfaire, lui plaire, et lui servir ce qui la met en appétit.

On ne peut même pas accabler les médias en fait, ils ont une mission d’audience, la distorsion de l’information à caler entre deux plages de pub, n’est pas vraiment leur problème.

C’est la loi la plus souveraine qui soit, bien au-delà du bon sens, de la pédagogie, de l’information authentique et utile, qui dicte tout. La loi du marché.
Et puis, la mort - donc la vulnérabilité - d’un flic, c’est anxiogène pour une population qui a déjà peur de son ombre, et il ne faudrait pas que l’audimat déserte vers des programmes encore plus creux et dissimulateurs que la messe quotidienne de l’information.
La mort de Patrice a monopolisé moins de temps d’antenne radio ou télé, moins de lignes dans la presse que la météo. Là ! Ça vous parle, ça ?
Et je ne vous dis rien de Johnny Hallyday et de ses petits bobos de star shootée et expertisée, un flic ça ne chante pas.
Je ne vous parle pas non plus des sportives milliardaires qui prennent leur retraite à vingt-cinq ans, à grand renfort d’interviews pour décérébrés.

Un flic attend la date limite de péremption - quand il y arrive – et il y va avec ses séquelles de blessures en service, et ses petites arthroses d’avoir trop bossé dehors et dans le froid.

Mais il est content quand il y arrive, oui !
Rien non plus sur la grippe H1N1 qui risque bien moins de vous tuer qu’un accident de la route. Là, c’est nous qui vous ramassons.
Et encore moins de ces micros-trottoirs qui vous racontent la version mongoloïde débilisante de l’actualité à longueur de journaux télévisés, jusqu’à une exaspérante saturation, et qui pourtant recueillent toute votre empathie, tant la médiocrité devient le langage universel.

Il neige en hiver, qu’en pensez-vous ? Noël est en décembre, c’est sans précédent depuis l’année dernière, rendez-vous compte…
Patrice, rien. Sa mort qui a duré trois jours s’est comptée en secondes dans la somme de ce qui est censé vous informer.
Personne n’y a trouvé un sens particulier, ou quelque chose à redire.

Une fatalité. Une insignifiance médiatique.

À classer dans les pertes et profits de la République.
On en a assez.

Assez des morts de flics, on en a tous plein le cœur et les tripes, vous ne savez pas ça, vous qui n’êtes pas confrontés à la violence. Et à la mort des autres.
L’intégrité physique d’un flic est exposée en permanence.
La mort d’un flic, c’est un sacrifice.
Pour vous. Pour votre sécurité.
Pour que vous dormiez tranquille, sans forcément investir dans une porte blindée, sans milice ou vigiles à chaque coin de rue, parce qu’on est jamais loin.

Parce que ce pays sur lequel on chie au quotidien, il n’est pas si mal que ça.

La violence et l’insécurité y sont bien moindres qu’ailleurs.

Grâce à nous et grâce à la Loi.

La police est républicaine, et il se pourrait que ça ne dure pas, et que vos gardiens de la paix et autres Compagnies Républicaines de Sécurité, vous les regrettiez quand le privé s’en mêlera.
Je vous vois venir, là. On n’est jamais là quand il faut, c’est ça ? Et toujours là quand il ne faut pas, aussi ? Facile.

Un grand classique de la rhétorique anti-flic culturellement correcte.
Vous me faites rire. Si nous cessions le travail ne serait-ce que quelques heures, vous resteriez calfeutrés chez vous, morts de peur.

Mais par défaut, vous auriez une juste mesure de notre rôle.

Ça n’arrivera jamais, rassurez-vous, il ne vous reste qu’à l’imaginer. Si vous pouvez.

De notre côté, on a le sens du service public. Et du service rendu.
On ne demande pas grand-chose.
On ne fait pas ce métier pour être aimés, c’est impossible.
Mais si le respect... le respect...
Les policiers ne l’attendent raisonnablement pas des délinquants.

Ni même des petits merdeux des cités qui expriment violement leurs crises d’adolescence et autres révoltes de futurs petits beaufs consuméristes.

À cet âge là, on est toujours plus ou moins con et colérique, même si ces temps-ci on approche les très hautes fréquences.
Non, le respect et la reconnaissance, on l’attend de tous les autres.

Ceux qui ne nous voient pas, ne nous remarquent pas, et trouvent tout à fait normal de vivre en sécurité dans un pays libre.

Ceux que l’on indiffère parce qu’on fait partie d’un système.

Ceux dont le manque de considération n’est rien moins que du mépris.
Ceux-là, c’est vous et vos médias.
Vous devant vos télés et vos journaux, qui n’avez pas cherché à savoir pourquoi, comment et pour qui, un flic peut mourir écrasé par des malfrats, vous qui avez eu une phrase idiote et prévisible sur l’insécurité, et qui êtes vite passés à autre chose. Qui avez oublié que quand la sécurité est un dû pour certains, elle demeure un devoir pour d’autres.
Vous qui ne comprendrez jamais que la sécurité a un prix, et que ce prix c’est du matériel humain qui s’abime, qui se fêle, qui se casse ou qu’on démolit.

Le 30 décembre, le prix de la sécurité, c’était la mort d’un flic.

Victime du devoir, comme on dit.

Et ça, vous avez le droit de ne pas l'oublier.  

       

                                         Bénédicte Desforges  

 

 

 



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