Le Front national devient-il plus "gay-friendly" ?
A vec l'arrivée au sein du Rassemblement Bleu Marine (RBM) de Sébastien Chenu, ex-MP et militant homosexuel, et les révélations de Closer sur Florian Philippot, le Front national voit se brouiller son image de défenseur de la famille traditionnelle mais peut espérer des gains dans sa stratégie de dé-diabolisation.
L'arrivée de Sébastien Chenu, officialisée vendredi, ne s'est pas faite sans heurts. Présentant Sébastien Chenu à la presse comme futur patron, avec le député du Gard Gilbert Collard, d'un collectif culture au sein du RBM (Rassemblement Bleu Marine) Marine Le Pen a reconnu des "interrogations" internes...
Sébastien Chenu était l'invité de CàVous sur France 5 :
Sébastien Chenu, Membre du Rassemblement Bleu... par hurraken75
La peur du "communautarisme" gay ressurgit au sein du FN
Lors d'un bureau politique le même jour, plusieurs ténors du parti, dont la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen et la vice-présidente Marie-Christine Arnautu, se sont interrogés sur la "sincérité" de ce ralliement, mais ont aussi dit leur crainte qu'il ne fasse au sein du FN du "communautarisme" gay. Le cofondateur de Gaylib représente, selon M. Gollnisch, "tout ce que nous avons combattu", ironisant : "Je sais bien que Saint Paul est subitement devenu un apôtre du christianisme sur le chemin de Damas..." Lors de ce bureau politique, le chef des eurodéputés Aymeric Chauprade a été lui jusqu'à dénoncer la présence d'un "lobby gay" au sein du FN. La presse d'extrême droite fustige également cette évolution. "Le néo-FN est une vraie cage aux folles", lâche ainsi l'hebdomadaire Rivarol.
Quand Jean-Marie Le Pen qualifiait l'homosexualité "d'anomalie biologique et sociale"
Reste qu'avec ce ralliement, et l'outing (*) de Florian Philippot dans Closer, le FN s'offre un spectaculaire badge "gay-friendly" alors qu'il a longtemps été marqué par les saillies homophobes de Jean-Marie Le Pen. Le cofondateur du parti d'extrême droite qualifiait en 1984 l'homosexualité "d'anomalie biologique et sociale". Depuis, il a donné le "la" dans le parti : l'homosexualité doit rester cantonnée à la vie privée. "Pas de surveillance des braguettes" dans le parti, a-t-il précisé en 1995, mais rejet de toute "homosexualité militante". Il déclarait ainsi cet été devant deux journalistes de l'AFP qu'"au FN il y a pas mal d'homosexuels". Pas d'opposition à cela, "à partir du moment où ils ne mettent pas la main dans ma braguette", ajoutait-il toutefois...
Le FN deviendrait-il "gay friendly" ?
Mais avec l'arrivée de sa fille à la tête du parti, selon un cadre gay, c'est devenu "plus facile" d'avoir cette orientation sexuelle au FN. Celle qui avait dit de manière remarquée en 2010 que "dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif, ni même français ou blanc" s'était pourtant aussi demandé si ouvrir le mariage aux homosexuels ne conduirait pas à l'autorisation de la polygamie.
Mais alors que l'UMP est divisée sur le "mariage pour tous" - preuve en est, mi-novembre, Nicolas Sarkozy qui a cédé aux revendications des anti-mariage pour tous au sein de l'UMP et fini par se convertir à l'"abrogation" - Marine Le Pen, qui n'a pas pris part aux cortèges de la "Manif pour tous", a le mérite de la constance : elle a toujours été opposée à l'ouverture du mariage aux homosexuels, y préférant un "PACS amélioré". 52% de ses électeurs de 2012 se disaient en janvier 2013 favorables au mariage homosexuel, 37% à l'adoption par des couples de même sexe, selon l'Ifop. Un taux de dix à 15 points supérieur à celui des électeurs de Nicolas Sarkozy, preuve que l'électorat du FN est plus ouvert - mais aussi plus clivé - sur le sujet.
(*) L'outing est le fait de révéler l'orientation sexuelle d'une personne contre son avis. A la différence avec le "coming-out".
(NDLR : nous informons en citant les sources)