Florian Philippot : "Je ne me sens absolument pas engagé par le FN de 1998"
Florian Philippot s'était déjà vanté de n'avoir jamais voté pour Jean-Marie Le Pen. Désormais, à quelques semaines du séminaire que le FN organise à huis-clos sur son avenir stratégique, ses déclarations à propos de Philippe Séguin sont plutôt inquiétantes :
"Vingt-trois ans après, Florian Philippot salue « les idées de Séguin, son côté visionnaire, son courage, son patriotisme et son gaullisme qui ne se sont jamais démentis ». Il précise : « Il avait su faire du débat sur Maastricht un débat sur la souveraineté. On imagine mal cela aujourd’hui. Il avait réussi à populariser ce message et à montrer que, derrière des questions théoriques, on peut aussi enthousiasmer. » Et il rate rarement une occasion de le citer, comme encore mardi sur LCP.
A cette brassée de fleurs, Florian Philippot ajoute un regret : celui que Philippe Séguin « ne soit pas devenu le leader souverainiste qu’il aurait dû être, plus qu’un Villiers, un Pasqua ou un Chevènement », et n’en finit pas de se demander pourquoi il n’a pas franchi le pas. « Il avait toutes les qualités pour jouer ce personnage qui nous aurait fait gagner vingt-cinq ans », dit le vice-président du FN (...)
Mais il oublie d’autres facettes d’un Philippe Séguin favorable à l’ouverture de l’Europe aux pays de l’Est dès la chute de l’URSS, et plus tard à l’entrée de la Turquie… pour être sûr d’échapper à une Europe politique.
Il oublie surtout l’engagement de Philippe Séguin contre le FN, bataillant aux côtés de Nicolas Sarkozy, en 1998, pour que les élus régionaux de la droite et du centre ne fassent pas alliance avec le FN. « Ils ne vont tout de même pas vendre leur âme pour des Safrane ! » s’exclame-t-il alors (...)
Florian Philippot balaie d’une phrase : « Je ne me sens absolument pas engagé par le FN de 1998 », dit-il(...)
Notons que Florian Philippot ne classe pas Jean-Marie Le Pen parmi les leaders souverainistes de l'époque au même titre que Villiers, Pasqua ou Chevènement qui ont visiblement ses préférences... A défaut d'avoir lu ce post du Salon Beige de 2010 rappelant certaines vérités sur Philippe Séguin, que Patrick Buisson considérait comme un homme de gauche, Florian Philippot devrait lire le dernier livre de Philippe de Villiers dans lequel ce dernier explique très bien (pages 155-156) comment Philippe Séguin, président de l'Assemblée nationale (1993-1997), espérant succéder à Alain Juppé au poste de premier ministre, s'est couché devant la bienpensance européiste en prenant fait et cause pour la monnaie unique dans deux discours prononcés le 26 janvier 1996 à Aix-la-Chapelle puis en mars à Epinal :
"Plus tard, Helmut Kohl fit savoir à Jacques Chirac que le prochain premier ministre ne pourrait se montrer hostile à l'édifice de Maastricht. Alors Philippe Séguin prit son bâton et sa bure de pénitent. Le 26 janvier 1996, il prononça un discours solennel favorable à la monnaie unique :
"Je crois plus que jamais à la nécessité de l'Europe pour nos différentes nations, au devoir pour les principaux organisateurs de l'Europe d'accélérer son édification. J'ai dit à plusieurs reprises qu'il fallait appliquer le traité de Maastricht, qui, en France même, s'impose à tous les responsables politiques."
La route de Matigon passait par Canossa. Et Canossa s'appelait ce jour-là Aix-la-Chapelle où une assistance eurobéate se montra ravie d'accueillir le fils prodigue, le repenti."
Pour Florian Philippot, voter FN en 1998 ou Jean-Marie le Pen, qui ne s'est jamais prononcé pour la monnaie unique, c'est mal. Mais faire l'éloge de Philippe Séguin, qui a retourné sa veste et qui a combattu le FN, c'est porteur...
Philippe Carhon
Commentaires
Votre formulation rompt l'égalité des citoyens, car elle ne permet de déchoir de la nationalité française que les binationaux, qui sont à 90 % d'origine étrangère. Cette mesure est inefficace et elle a une portée symbolique désastreuse : en établissant une loi spécifique pour les binationaux, on les désigne comme une "cinquième colonne", susceptibles de trahir leur pays . On leur fait sentir qu'ils ne sont pas des français comme les autres.
L'indignité nationale visant tous les citoyens coupables d'actes de terrorisme, quelques soient leur origine serait le seule mesure acceptable .
Écrit par : C Morell Sampol | 27 décembre 2015
Pour la énième fois:
1. Cette différence de traitement est déjà le droit actuel.
2. Cela a déjà été jugé: ce n'est pas une rupture d'égalité puisque c'est le traitement différent de personnes qui se trouvent dans une situation différente au regard du droit international.
Ça finira bien un jour pas rentrer dans toutes les têtes...
Comme écrit avec agacement à force de me répéter sur Twitter: "Bonne résolution: ne plus parler déchéance de la nationalité avec ceux qui ne connaissent ni le droit actuel ni la jurisprudence du Conseil constitutionnel en la matière".
Après, oui, l'indignité nationale est une autre réponse. Mais ce n'est pas une raison pour écrire n'importe quoi au sujet de la déchéance de nationalité.
Écrit par : Laurent de Boissieu | 27 décembre 2015
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